sábado, 13 de marzo de 2010

LE SAUT AU PAS DE L ANGE



Six heures du matin. La cordillère. A l'est, la montagne - frange sur l'océan du crétacé - prenait peu à peu la couleur rosée des journées ensoleillées. Le vert bleu de la végétation gagnait sur son ombre de la nuit des pastels prometteurs. Un certain effroi naissait de l'impression d'un gigantesque tsunami terrestre, vague géante qui semblait s'abattre vers l'ouest et dont nous ferions les frais dans quelques instants : nous allions être écrasés par ces milliards de tonnes de roche.

Dix minutes plus tard, les aurores tropicales, soudaines et sveltes comme un félin au réveil éclairèrent les couleurs ; les taches humides en raison des pluies de la veille se séchèrent et prirent leurs contours habituels pour fixer le profil de l'immense relief qui étendait ses formes du nord au sud.

La crête d'une montagne hantée par un ange prit naissance. Ses flancs à couper au couteau feraient bientôt de nous, randonneurs néophytes, ses victimes. Les dieux du coin ne font pas dans le beurre, plutôt dans le fil à retordre.

Pour se rafraîchir aux cascades du Dragon, il faut risquer la crête de l'Ange et, d'un monticule à l'autre, le passage est si étroit qu'un simple faux pas peut envoyer le profanateur maladroit dans les bas d'un cañon où les sentiers se confondent avec les déliés du rio... sale en ce moment en raison des déluges récents. Le saut de l'ange n'était pas conseillé, se concentrer sur ses pas n'était pas non plus une meilleure idée, on en oublierait les bas-côtés ; le moindre souffle ou son contraire, retenue d'haleine, serait une initiative fatale. Dans l'obscurité, peut-être, imitant le puma, le regard perdu dans les étoiles, évitant toute trace sur son passage...

Dans les contrebas, les myrtes roses en éternelle pelade et les fossiles d'amonites attendront encore longtemps celui qui ferait le grand saut. De son côté, le marsupial viendrait toujours, sans vergogne, de nuit, se désaltérer dans les eaux de ce cañon, laissant ses empreintes et ses dépôts granuleux sur le sable jurassique, entre les galets.

1 comentario:

Anónimo dijo...

Comme si on y était!